John Wick : Chapitre 4

Film d’action américain (2023) de Chad Stahelski, avec Keanu »the One »Reeves, Donnie Yen, Bill Skarsgård, Ian McShane, Scott Adkins, Hiroyuki Sanada, Shamier Anderson, Lance Reddick – 2h49

John Wick, toujours pareil. Boum boum dans les oreilles. Actionner de geeks tarés. Pas de message, normal, rien à dire… Salut, John Wick 4, c’est cool ? Une question qu’elle est pas si vite répondue…

Après avoir buté le grand maître dans Parabellum, John Wick reste plus que jamais la cible number one de la Grande Table, déployant toutes ses ressources pour dessouder le Baba-Yaga. Le tueur increvable verra donc se dresser sur sa route, outre tout ce qu’Osaka, Berlin et Paris comptent d’assassins professionnels (et ça fait un sacré paquet !), le plus impitoyable des adversaires : l’aveugle Caine, un vieil ami…

Voilà voilà, on part donc sur de la suite logique pour ce quatrième chapitre de la quête vengeresse de John Wick, dernière incarnation de l’élu Keanu Reeves qui rempile donc cette fois-ci pour un véritable blockbuster de Schrödinger ! Chewing-gum et Guerre et Paix comme dirait l’autre…

Pour le Chewing-gum, c’est du Hollywood évidemment et difficile de ne pas voir en John Wick : Chapitre 4 la séquelle dans tout ce qu’elle a de plus mercantile. A la base sympathique véhicule pour un Keanu Reeves en quête d’une nouvelle rédemption et toujours désireux de mettre à l’honneur les cascadeurs les plus joyeusement tataneurs, « John Wick » s’est vite imposé comme une véritable franchise, déteignant sur d’autres actionners tels qu’Atomic Blonde ou Nobody avant de développer carrément son propre « Cinematic Universe » avec Ballerina avec Ana De Armas et la série The Continental. Et le film accuse le coup de cette grosse machinerie, par sa galerie de guests, ses multiples références pop et évidemment par sa durée, qu’on pourrait trouver irrationnelle si elle ne correspondait pas à une standardisation des méga-franchises dans leur volonté purement capitaliste de toujours s’étendre davantage, développant jusqu’au ridicule leur « Universe » artificiellement ramifiés. Perso, n’étant pas venu me prendre la tête, j’avoue ne pas avoir pris la peine de rester pour la scène post-générique. Pour être complétement honnête, j’ai même raté le début, m’étant planté de salle, et n’ayant pas du coup rendu le plus classe des hommages à l’énigmatique Lance Reddick qui nous a quitté récemment.

Bon, pour Guerre et Paix, et malgré sa longueur, on aura peut-être un peu de mal à vous faire gober que John Wick 4, c’est du Tolstoï, et pourtant… Dans ses dialogues poseurs mettant en scène un vaste jeu de pouvoir, d’honneur et de règles à observer, ce qui se joue autour de la Grande Table n’est rien d’autre que la même comédie humaine des plus grands classiques de la littérature (ou d’un bon vieux comic-book qu’on feuillette sans même avoir suivi les épisodes précédents…). Forcément, déclamé dans des décors les plus improbables (mention spéciale pour cette négociation organisée au Louvres, au calme, face à La Liberté guidant le peuple), l’ensemble prend facilement des allures rococos ridicules de mauvaise pub de parfum mais, n’est-ce pas là une façon plutôt pertinente de représenter les sommets du pouvoir ? Moins cynique qu’une majeure partie de la concurrence et plus fun que les derniers Bond, auquel John Wick semble avoir emprunté les Guides du routard, poussé à un tel paroxysme qu’il est évidemment permis d’y voir une parodie et de se bidonner sans complexe, il n’aura de toute façon échappé à personne que la tragédie qui se joue ici est avant tout prétexte à une héroïsation baroque et badass de Keanu Reeves, affublé ici d’un ami/adversaire légendaire en la personne de Donnie Yen (de nouveau aveugle après Rogue One), et, surtout, aux scènes d’affrontements dantesques qui nous ont fait payer le ticket d’entrée !

Tu ne tueras point… moins de 100 personnes dans le film !!!

Définitivement l’élu de la matrice internet, Keanu Reeves, à la fois pleinement conscient de son aura et la maîtrisant toujours avec la même modestie, ravira de nouveaux ses fervents disciples avec cette composition minimaliste qui en dit plus par sa démarche abimée que par ses mots et qui met de nouveau à l’honneur le « Gun-Fu » (mix de gunfight et de Kung-fu) pour un nouveau généreux massacre de masse (oui, mais c’est des méchants). Aussi, cette durée baroque serait-elle un témoignage de cette pure générosité du film ? Elle permet effectivement d’enchaîner les morceaux de bravoure les plus dingos, culminant évidemment dans la traversé clin d’œil (même plutôt, John Wick oblige, gros coup de coude qui fait mal au bras) à The Warriors dans une capitale à l’esthétique de carte postale d’Emilie in Paris mais qui garderait quand même du Paris d’Hidalgo/Nuñez la violence furieuse, et, en les dilatant, d’emmener ces séquences de danses bourrines vers quelque chose d’autre… A voir au cinéma pour en profiter un maximum. Dans ces scènes d’action débridées jusqu’à l’épuisement, John Wick 4 peut provoquer des sensations euphorisantes qui rappelleront au choix, soit des transes amphétaminées sur un set techno bien lourd, soit, pour les plus casaniers, des rushs baveux à en tutoyer l’épilepsie sur Hotline Miami. Après, si vous êtes plutôt branchés verveine/Vianney, pas sûr que vous goûterez à la poésie qui sent la poudre à l’œuvre ici…

Difficile de vous dire si vous sortirez de ce spectacle purement cinématographique, qui a bien compris que Buster Keaton et Jackie Chan, Gene Kelly et Bruce Lee ou encore Vincente Minnelli et John Woo boxaient dans la même catégorie, abrutis et outré ou plutôt abrutis à en redemander. Pour ma part, vous l’aurez compris, j’ai vu ce verre de vokda red bull à moitié plein et, bien géchar, je dois dire qu’il a fait du bien là où il est passé… et sans gerber !

CLÉMENT MARIE

Attention : Texte « post-générique » qui contient des spoilers : En bon blockbuster de Schrödinger, John Wick : Chapitre 4 nous abandonne même avec un John Wick à la fois mort et pas mort… Reviendra-t-il ? Reviendra-t-il pas ? C’est le saccro-saint box office qui en décidera… Amen !


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