Rogue One : A Star Wars Story

266892Film de science-fiction américain (2016) de Gareth Edwards, avec Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn, Donnie Yen, Mads Mikkelsen et Forest Whitaker – 2h14

Attention, ce qui suit contient de gros spoils ! Même si, comme sur une préquelle du Star Wars original, vous devez déjà connaître la fin…

Jyn Erso est la fille du concepteur de l’Etoile noire, l’arme de destruction massive de l’Empire. Après des années en prison, elle est récupérée par la rébellion qui lui demande de reprendre contact avec son père. Ce faisant, elle découvre qu’il a laissé une faille au cœur de l’Etoile noire. Avec ses compagnons rencontrés durant sa mission, Jyn va tenter au péril de sa vie de récupérer les plans de l’arme pour les confier à la rébellion…

Au départ, ce n’était pas gagné. Ce n’est pas seulement le propos de Rogue One, le premier spin off de la saga Star Wars ; c’est aussi l’histoire de sa production. Confié à Gareth Edwards, découvert avec Monsters mais dont le Godzilla était déjà loin de faire l’unanimité, Rogue One fut, dans son premier montage, jugé trop sombre par les pontes de Disney qui renvoya illico toute l’équipe en session de reshoots si importants que la moitié des images dévoilées dans les trailers ne sont plus présents dans le produit fini. Il faut ajouter à cela la résignation des spectateurs à l’idée de se taper un Star Wars annuel, ce qui promet des recettes moins mirobolantes qu’à l’accoutumé. Dommage que celui qui paye ces pots cassés soit Rogue One, puisqu’on tient là contre toute attente l’une des plus grandes réussites de la saga.

Ce qui est encore plus surprenant, c’est que cette réussite doit beaucoup à son existence de spin off. A priori assez stérile puisqu’il s’agit de remplir un trou elliptique de la saga, le spin off permet à Gareth Edwards de jouir de la liberté offerte par le côté non-officiel de la chose, et en profite pour prendre des libertés avec le modèle établi pour mieux le renouveler. Ainsi par exemple, à peine s’est-on offusqué que Rogue One ne s’ouvre pas sur le traditionnel texte déroulant jaune, qu’on gagne au change une sublime séquence d’ouverture au ton de western inédit dans la saga. Tout du long, Edwards s’amuse donc à se rattacher juste ce qu’il faut à l’univers (y compris par les nombreux mémos de Disney qu’on sent pointer çà et là) tout en le revigorant considérablement. Dark Vador a de minces apparitions mais glace d’effroi comme jamais. Remplaçant au pied levé Alexandre Desplat, Michael Giacchino fait lui aussi preuve de cette maline réappropriation avec le score de John Williams. De bout en bout, Rogue One est donc un vrai Star Wars mais avec ce petit quelque chose en plus : la vision d’un auteur préférant un traitement personnel de l’univers en place à l’admiration béate et la jouissance geek.

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Dark Vador témoigne enfin de la taille des couilles des pontes de chez Disney ; c’est pas bien gros…

Ce que Gareth Edwards fait de son Star Wars à lui, c’est de prendre le titre au pied de la lettre et de livrer un authentique film de guerre. Comme une sorte de Douze Salopards avec des vaisseaux spatiaux et des blasters. Avec son Rogue One devenant presque une leçon d’histoire (après tout, il s’agit de montrer au public un épisode méconnu de l’histoire des étoiles), Edwards en profite également pour jeter aux orties le manichéisme habituel de la saga pour faire le portrait de héros ambigus, ressemblant plus à des mercenaires qu’à des justiciers, n’hésitant pas à tuer de sang froid pour se couvrir. Une ambivalence des personnages rendant leur présentation ardue (la première partie du film est chaotique) mais portés par quelques bons acteurs. Par rapport à une Felicity Jones monocorde dans son attitude butée, Diego Luna est lui impeccable en rebelle trouble, et Donnie Yen est la meilleure pièce rapportée chinoise au casting qu’on peut espérer. Il sort de cette ambiguïté un film très noir mais aussi très humain, où les héros ne trouveront le salut que dans le sacrifice. Pas étonnant que Disney ait traîné des pieds à sortir un film à la quête d’espoir aussi désespérée, et on se demande bien à quoi pouvait ressembler le premier montage brut d’Edwards. Dans tous les cas, d’un film qu’on pensait être un épisode 3 et demi se terminant sur un cul-de-sac, Rogue One devient l’épisode le plus dark et brillant de la saga depuis L’Empire contre-attaque se terminant sur un épilogue bouleversant, porté par des personnages beaucoup plus vivants et mémorables que les officiels. Vous ne me croyez pas ? C’est que vous n’avez pas encore vu l’immonde Peter Cushing numérique qu’ils nous ont chié…

BASTIEN MARIE

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