Nous finirons ensemble

1786889Comédie française (2019) de Guillaume Canet, avec François Cluzet, Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Benoît Magimel, Laurent Lafitte, Pascale Arbillot, Clémentine Baert, Valérie Bonneton et José Garcia – 2h15

Dans une mauvaise passe, Max arrive dans sa maison de vacances du Cap Ferret avec l’intention de la vendre. Sauf qu’arrive peu après lui sa bande de potes qu’il n’a pas vue depuis trois ans et qui voulait organiser un anniversaire surprise qu’il ne veut pas fêter…

Neuf ans après les cinq millions d’entrées des Petits Mouchoirs, Guillaume Canet retourne en vacances au Cap Ferret avec ses potes sans en mettre un dans le coma. Une suite qui n’était apparemment pas évidente pour le réalisateur tant le premier film avait été une expérience douloureuse pour lui. Mais en le revoyant à la télé, il s’est surpris à apprécier les retrouvailles avec ses personnages et s’est mis à écrire ce Nous finirons ensemble dont le titre pourrait se terminer par un point d’interrogation. Car la problématique de Canet, c’est : même après vingt ans d’amitié, est-on obligé de rester potes pour la vie ? Cluzet retrouve donc ses potes Gillou, Marion et compagnie après de longues années sans les avoir vus, ce qui ne l’arrange pas vu les merdes qui s’amoncellent dans sa vie personnelle. Sans aucun comateux resté à Paris, est-ce qu’on va enfin pouvoir profiter de nos vacances sans aucune culpabilité ? C’est comme ça que commence Nous finirons ensemble.

On prend les mêmes, on recommence, et on trouve le moyen de faire une suite encore plus inconsistante que le premier. Bien qu’aberrant, le dilemme des Petits Mouchoirs avait au moins le mérite de faire planer une ombre dramatique au-dessus de la baie du Cap Ferret pour un film qui avait en plus la prétention de dépasser les deux heures. Ici, les retrouvailles compliquées sont en fait réglées en cinq minutes, les réflexions sur la survie de l’amitié taraudent le spectateur que sur la première et la dernière bobine, et entre les deux, il ne se passe rien. Juste des vacances pépouzes, avec ses petits tracas (une nourrice qui râle, un nouveau conjoint qu’on ne veut pas trop intégrer au groupe, un agent immobilier insistant, un concurrent parisien qui se tape une femme dont on s’est déjà séparé, etc) qui ne sont que peu de choses à côté de la joie de jouir de sa petite bourgeoisie. Guillaume Canet aurait pu en profiter pour développer des personnages qui en auraient grandement besoin mais, de peur de se reprendre les mêmes critiques d’il y a neuf ans (pathos, hypocrisie et suffisance), il s’en tient au strict minimum pour tenir encore une fois une durée exagérée de plus de deux heures.

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Marie (Marion Cotillard) et Antoine (Laurent Lafitte) sont tout contents d’avoir retrouvé la recette du bonheur : huîtres, vin blanc et jeu du post-it…

Du coup, Nous finirons ensemble, c’est une bande de copains qui ne veulent surtout pas se prendre la tête et se moquent gentiment des uns des autres, bien décidés à profiter de leur Cap Ferret filmé comme une pub pour l’office de tourisme. Les acteurs eux-mêmes ne semblent pas avoir de plus grandes motivations à retrouver leurs personnages bien confinés dans leur fonction : comédie française ou pas, Laurent Lafitte reste le petit rigolo de la bande, Pascale Arbillot rayonne après sa séparation avec Benoît Magimel qui ne va de toute façon pas durer, François Cluzet fait son petit burn out tranquille, Gillou sort sa plus belle prestation du bon copain, toujours là pour le bon mot qui rassure ou pour le coup de gueule qui remet les choses à plat. Il n’y a bien que Jean Dujardin qui a été assez bête pour faire une chose aussi définitive que mourir. Les autres voguent sur leur long fleuve tranquille, sans que rien ne porte jamais à conséquence, sans qu’un problème ne subsiste plus de deux séquences, sans qu’aucun carrefour ne leur impose quoique ce soit, dans leur vie ou dans leur amitié. Finalement, c’est tout à fait logique que Nous finirons ensemble ne comporte pas de point d’interrogation : Guillaume Canet et sa bande sont étrangers à toute incertitude, à tout vacillement qui gâcherait le bon temps passé ensemble.

BASTIEN MARIE

Autre film de Guillaume Canet sur le Super Marie Blog : Rock n Roll (2016)


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