Rock n Roll

Comédie française (2017) de Guillaume Canet, avec Guillaume Canet, Marion Cotillard, Camille Rowe, Philippe Lefebvre et Yvan Attal – 2h03

179029Avec sa femme oscarisée, sa propre carrière d’acteur et réalisateur et ses écuries, Guillaume Canet, 43 ans, devrait avoir tout pour être heureux. Pourtant, sur le tournage du film d’un copain, Guillaume tombe de haut quand l’actrice censée jouer sa fille lui dit qu’il n’est pas très rock et ne fait plus autant fantasmer que son pote Gilles Lellouche. Guillaume va alors tout faire pour retrouver une seconde jeunesse…

A 43 ans, Guillaume Canet fait un bilan de sa carrière avec l’auto-fiction Rock n Roll. Il faut bien avouer que depuis son César obtenu pour Ne le dis à personne, son travail de réalisateur n’a fait que dégringoler entre son mélo narcissique Les Petits Mouchoirs et son remake américain très sage Blood Ties. En tant qu’acteur en revanche, c’est mieux avec le succès populaire acquis grâce à sa passion du cheval à la Omar Sharif avec Jappeloup et son plus beau rôle dans le polar sombre de Cédric Anger La Prochaine Fois je viserai le cœur. Donc on se rend, curieux, à son analyse de la crise de la quarantaine déployée dans Rock n Roll, en se disant à l’entrée de la salle que 43 ans, c’est pourtant pas si vieux pour un acteur. Or, en en sortant, on se rappelle que putain, Guillaume Canet est déjà très vieux en fait.

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Guillaume Canet se prend pour une rock-star. Heureusement pour lui, les mioches sont très bon public.

Il suffit d’un caméo pathétique de Johnny Hallyday pour s’en convaincre : ce que Guillaume Canet entend par « rock », cette notion après laquelle il court obsessionnellement dans le film pour être de nouveau dans le vent, c’est ce vieillard belge, qui n’est plus l’idole des jeunes depuis des décennies et qui se cache de sa femme pour pouvoir fumer, qui le définit. Un élément parmi tant d’autres du discours ampoulé de Rock n Roll, qui se voudrait punk (Canet n’a pas l’air de connaître ça) sans quitter les confortables chaussons du cinéma français. Pourtant, ça commençait plutôt bien. Bon, pas avec ce premier plan qui plagie ostensiblement Birdman, mais il y a bien quelques répliques et quelques séquences (la paralysie faciale due à l’excès d’alcool, notamment) qui font mouche. Mais très vite, Rock n Roll se montre répétitif (l’accent québécois de Cotillard est rigolo une fois, à la limite) et peu audacieux puisque, à chaque fois que les trips sont un peu trop poussés, c’est une séquence de rêve. Mais tout cela, c’est jusqu’au twist…

La bande-annonce a assez bien dissimulé le mince mystère du dénouement pour que je ne vous le dévoile pas ici. Mais ce twist est aussi tellement navrant que je veux surtout vous en épargner. Tout ce que je peux dire, c’est que dès que Guillaume Canet a fait son choix sur la suite de son histoire, les séquences de rêve précitées deviennent un long cauchemar dont on ne se réveille pas, dans une seconde partie du film interminable qui voudrait lorgner sur le cinéma des frères Farrelly mais qui ressemble plutôt à du Claude Zidi fatigué. Rock n Roll devient dès lors un authentique moment de gêne, ne sachant plus ce qu’il parodie ou ce dont il se moque, les spectateurs se joignant aux autres personnages du film pour demander à Guillaume Canet : « Mais qu’est-ce que t’as foutu ?! » C’est d’ailleurs assez incroyable de voir tous les potes de Canet, tous bien installés dans le cinéma (Lellouche, Cotillard, les frangins Attal, Ben Foster), y aller de leurs apparitions sans jamais confronter Guillaume au monstre de Frankenstein qu’il a enfanté. Moi qui voulais être assez indulgent avec Rock n Roll, pensant naïvement que l’exercice de l’auto-fiction est toujours assez intéressant et rigolo, je me sens encore nauséeux des abysses nanardesques dans lesquels le film a plongé tête la première.

BASTIEN MARIE


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