Assassin’s Creed

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Condamné à mort dans un pénitencier du Texas pour homicide volontaire, Callum Lynch se réveille après son exécution dans une institution scientifique à Madrid dirigée par le docteur Rikkin et sa fille Sofia. Là, Callum découvre qu’il est un descendant d’Aguilar, membre d’une société secrète d’assassins protégeant l’authentique pomme d’Adam. Sofia permet à Callum de retourner au XVème siècle dans la peau de son ancêtre pour découvrir où la pomme, permettant de connaître le code génétique de la violence et du libre-arbitre, est dissimulée…

Que peut-on encore attendre d’une adaptation de jeu vidéo ? A priori plus grand chose, surtout depuis que les jeux sortis sur les consoles dernières générations s’inspirent de la narration cinématographique pour mieux afficher leurs ambitions. Et depuis Street Fighter aussi. Puisque l’excellent Rafik Djoumi a consacré un numéro de Bits et l’excellent Karim Debbache toute sa série de vidéos Crossed sur le sujet, ne poussons pas plus loin le bouchon et focalisons-nous sur le cas d’Assassin’s Creed, initié par les petits frenchies d’Ubisoft eux-mêmes. Ils approchent illico Michael Fassbender pour le rôle principal qui se trouve tellement emballé par le projet qu’il le produit et ramène avec lui Justin Kurzel et Marion Cotillard avec lesquels il vient de tourner une très bonne version de Macbeth. Ils se retrouvent donc à la tête d’un budget de 130 millions de dollars (soit prêt de dix fois plus que pour leur précédent effort) alloué par Regency et la Fox. Assassin’s Creed a ensuite le cran de sortir face à un Star Wars mais, une fois n’est pas coutume avec les jeux vidéo au cinéma, les critiques assassines pleuvent aussitôt.

Et une fois n’est pas coutume avec les jeux vidéo au cinéma, ces critiques sont plutôt fondées. Certes, je ne connais que très peu les jeux Assassin’s Creed (j’ignorais même qu’une partie se déroulait à l’époque moderne) ; pour autant, je ne peux m’empêcher de voir dans le film de Justin Kurzel autre chose qu’un teaser de près de deux heures du fort potentiel vidéo-ludique d’une histoire qui, au cinéma, fait bander mou. Pourtant, je ne pense pas que Kurzel ait bâclé le travail, son film ayant tout de même un minimum de personnalité ; je pense juste qu’il a fait du mieux qu’il pouvait dans une entreprise vouée à l’échec. La preuve, les principaux défauts d’Assassin’s Creed sont liés à l’impossibilité inhérente de toute adaptation de jeu. Comme on ne peut pas compter sur l’interaction avec le spectateur, on se retrouve avec un personnage principal bien fade, à l’ancêtre assassin guère plus emblématique, et ce malgré toutes les bonnes intentions évidentes de Michael Fassbender. L’intrigue simple (la quête d’une boule de pétanque faisant office de pomme d’Adam) à même d’assouvir la soif d’aventures d’un joueur se retrouve pour le spectateur inutilement complexifiée par de longs tunnels de dialogues dans des laboratoires à peine plus élaborés que ceux d’un vulgaire Resident Evil, voulant faire croire à une superficielle réflexion sur la violence qui, vu celle du film, ne peut pas aller bien loin. Et aurait même pu devenir insultante pour des gamers qui pensaient qu’on avait fini de les voir comme des psychopathes en puissance.

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Callum Lynch/Aguilar (Michael Fassbender) est ravi de découvrir que l’Inquisition, c’est une époque où qu’on pouvait faire la guerre !

Au moins, on pourrait se dire que Kurzel va se rattraper sur les scènes d’action, surtout après avoir vu les beaux tableaux guerriers qu’il avait emballés dans Macbeth. Que nenni : après une première séquence d’action faisant office de didacticiel, nous n’aurons au mieux que l’impression de regarder quelqu’un jouer au jeu à notre place. On pourrait presque voir les combos (R1+X) s’afficher à l’écran ! Le tout baignant dans un constant nuage de poussière ne servant qu’à rendre l’action plus illisible encore. Peu importe au fond, puisqu’en basculant aléatoirement du labo à Grenade, ces scènes d’action sont dénuées de tout point de vue. Le pire reste que là où la réputation des jeux Assassin’s Creed reposait en grande partie sur la richesse de la reconstitution historique, l’Inquisition espagnole n’est ici qu’une fantomatique toile de fond, finissant de vulgariser son modèle à un simple jeu de plateformes sans grande envergure. Qu’un jeu vidéo apparemment si ambitieux, traité – j’en suis persuadé – avec une implication non feinte des auteurs, ne puisse aboutir qu’à un film d’action aussi plat ne me fait espérer qu’une chose : que le film The Last of Us ne voie jamais le jour !

 BASTIEN MARIE


Une réflexion sur “Assassin’s Creed

  1. J’ai joué à tous les jeux, personnellement (fan en approche) et j’ai également trouvé le film décevant. Bon de toute façon, ça partait déjà mal rien qu’à cause de la présence de Marion Cotillard : c’est pas ma faute, elle me provoque de l’urticaire rien qu’en clignant des yeux (quand elle pense à le faire). Mais pour tout avouer, je crois bien que je me suis endormie devant et je serais bien en peine de dire à quel moment c’est arrivé, ni à quel moment je me suis réveillée. Le pire étant que j’ai pas eu l’impression d’avoir raté quoi que ce soit alors que le générique est survenu dix minutes après mon réveil.
    C’est gênant.

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