Projet Wolf Hunting

늑대사냥 / Neugdaesanyang Film d’horreur coréen (2022) de Kim Hong-sun, avec Seo In-guk, Jang Dong-yoon, Jung So-min, Park Ho-san, Sung Dong-il et Choi Gwi-hwa – 2h02

Transférés des Philippines à la Corée du Sud par un navire cargo, un groupe de dangereux criminels parviennent à se libérer et affrontent les policiers chargés de leur surveillance, jusqu’à ce qu’une puissante créature à bord sorte de son sommeil…

En dire plus que le synopsis ci-dessus serait criminel car, comme souvent avec le cinéma coréen, on n’est pas au bout de nos surprises avec Projet Wolf Hunting. Pour planter le décor, on se contentera donc de dire qu’il s’agit du cinquième long-métrage de son réalisateur Kim Hong-sun dont la carrière, comme le présent film, a progressivement glissé du film criminel au fantastique. Pour les besoins de ce Projet Wolf Hunting, il a embarqué sur un navire cargo un budget d’environ 9 millions de dollars, une cinquantaine d’acteurs (dont Seo In-guk, joli cœur régulier de séries télé romantiques qui joue ici un criminel psychopathe tatoué de la tête au pied ; ceinture noire de contre-emploi !) et 2,5 tonnes de faux sang ! Littéralement du gros B qui tâche donc, et qui, après avoir éclaboussé tous les plus grands festivals de cinéma fantastique, s’est logiquement retrouvé chez nous dans l’escarcelle de ESC Films, récemment spécialisé dans le déversement d’hémoglobine en salles après les sorties de The Sadness et Terrifier 2. Et on les en remercie car voir un truc pareil au cinéma est devenu une expérience précieuse et réjouissante.

Au début, le truc ne paie pourtant pas de mine. Dès la séquence d’ouverture avec son attentat à la bombe numérique suivi d’une coulée de faux sang déjà généreuse, le film veut nous montrer qu’il a un budget restreint mais qui ne l’empêchera nullement de défourailler si besoin. Il fait ensuite embarquer à son bord la floppée de flics et de criminels avec ce qu’il faut de caractérisation expéditive pour cette chair à canon. Déjà, les lignes narratives partent faire leur affaire chacune de leur côté, ensemençant les graines du chaos à venir. Parmi ces lignes, la puissante créature susmentionnée au fond des cales… A peine a-t-on le temps de redouter son réveil que les prisonniers quelques niveaux plus haut se défont de leurs chaînes et réduisent de moitié les forces de police avec maints défonçages de crânes. Montrant une vraie assurance derrière sa caméra (un gunfight rondement mené dans la cabine de pilotage du cargo en témoigne), Kim Hong-sun montre alors la couleur : il ne concédera lever le pied que pour satisfaire nos instincts morbides (on nous montre d’ailleurs très tôt qu’on ne se contentera pas seulement d’assassiner mais aussi de profaner les dépouilles si le besoin s’en fait ressentir), il ne nous dissimulera rien de ce qui se trame sur le rafiot (hors de question par exemple de renoncer à un flash-back s’il permet d’élever encore un peu le bodycount) et il ne vit dès lors que pour un seul but, faire gicler plus de sang que ses personnages peuvent physiquement en contenir. Tout en concédant de renouveler régulièrement les enjeux de son récit en poupées russes, si jamais il restait dans la salle quelques spectateurs se raccrochant à la notion de scénario.

Park Jong-doo (Seo In-guk) règle son compte à un gars qui pensait l’avoir vu dans une comédie romantique à la télé.

Le résultat, superbement foutraque et franchement jubilatoire, ne cesse de nous surprendre au long de ses deux heures de métrage pour le coup bien remplies. On commence donc sur une variation des Ailes de l’enfer dont l’enjeu serait de définir le prédateur le plus féroce à bord. Puis quand le mâle alpha s’avère être Alpha, l’incroyable créature frankensteinienne issue des sempiternelles expérimentations de la Seconde Guerre mondiale et fracassant tout crâne ou cage thoracique se mettant en travers de son chemin, Projet Wolf Hunting prend son réjouissant virage bis et saute par-dessus le pas qu’un Overlord n’osait pas franchir. On vous laissera le soin de découvrir ce brave Alpha et, pour vous en dévoiler le moins possible, on se contentera juste de saluer le merveilleux travail du bruiteur en ce qui concerne ce personnage. De même, je n’en dirai pas trop sur ce qui s’ensuit, Kim Hong-sun ouvrant frénétiquement toutes les portes que son scénar lui propose, et ne refusant évidemment pas la possibilité d’un univers étendu, pour quiconque en redemanderait. Une idée folle, tant Projet Wolf Hunting nous laisse repus.

BASTIEN MARIE


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