Unicorn Wars

Film de guerre animé espagnol (2022) d’Alberto Vázquez – 1h31

Depuis des temps immémoriaux, Oursons et Licornes se livrent une terrible guerre. Deux frères nounours s’enrôlent dans l’armée, Dodu, un garçon timide et qui porte bien son nom, se retrouve martyrisé par sa chambrée et ne peut compter sur son frère pour le protéger, bien au contraire. Le narcissique Célestin, lui, ne pense qu’à tuer la dernière des licornes pour s’abreuver de son sang, ce qui, selon la légende, le fera accéder à la beauté éternelle. Bientôt, les oursons sont envoyé en mission commando dans la Forêt Magique…

Après Psiconautas, Alberto Vázquez, le petit prodige de l’animation ibérique, fait son retour au long avec cet ambitieux Unicorn Wars. Si, pour son premier film, Alberto Vazquez était parti de son court métrage Birdboy dont il reprenait son fameux personnage ailé, il réadapte ici Sangre de Unicorn et on y retrouve ainsi les deux frères oursons en quête de licornes à zigouiller. Vazquez, s’il troque la colorisation pastelle du court-métrage pour de chatoyantes couleurs (ou un puissant noir&rouge pour les passages des licornes), en profite également pour étendre son sujet, incluant son intrigue intime dans un récit guerrier d’une toute autre ampleur. Ainsi, le cinéaste décrit lui-même son film comme un « mix entre Apocalypse Now et Bambi« , on pourrait également le décrire comme un Full Metal Jacket revu et corrigé par Murakami, le kawaï de ses nounours n’adoucissant pas le propos, bien au contraire. Ainsi, ces animaux tout mignons et colorés peuvent également évoquer les Happy Tree Friends ou, pour ceux qui se souviennent les avoir déjà-vu, les Toupoutous

Par le pouvoir de l’amour et du fascisme ! « Knuddelig macht frei ! »

Bon, à moins que vous ne travaillez dans le financement audiovisuel, vous savez bien que les dessins animés, c’est pas juste pas pour les enfants et, vous l’aurez compris, en dépit de son style visuel, Unicorn Wars n’est pas destiné aux bambins, son récit tenant autant d’Oliver Stone voir de Lovecraft que de Walt Disney ! A toutes ces références on pourrait également ajouter celle de Miyazaki via un démon de la putréfaction tout droit sorti de Princesse Mononoké, George Lucas pour un personnage sombrant définitivement dans le côté obscur, Legend de Ridley Scott pour la prophétie de la dernière licorne ou un gros (bad)trip psyché qui évoque L’échelle de Jacob… Mais, plus qu’un énième mash-up pop qui ne manquera pas de flatter le cinéphile, Alberto Vázquez n’en oublie pas de développer ses personnages, en prise aux dilemmes œdipiens les plus extrêmes, mais aussi voir surtout sa propre mythologie qui, entre prophéties des Licornes et propagandes guerrières des Nounours, finit par embrasser une terrible cosmogonie.

Dessin animé coup de poing qui a de quoi séduire un public sûrement plus large que le buñuelien Psiconautas, l’iconoclaste Unicorn Wars, dans son mélange entre une esthétique pop colorée et enfantine, une imagerie chargée de lourdes symboliques puisant dans les recoins mythologiques les plus dark et un engagement ouvertement politique, peut également rappeler l’œuvre de Bansky (son générique pour Les Simpson était finalement déjà très vázquezien !). Cette fable cruelle, risquant de ne faire que peu de prisonniers, fera même office du plus bourrin des pieds de nez à ceux qui se plaise à toujours renvoyer les pacifistes à un soit disant « monde des Bisounours »…

CLÉMENT MARIE

Et le court métrage Sangre de Unicornio réalisé par Alberto Vázquez en 2013 et dont est directement adapté Unicorn Wars :

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