
The Unbearable Weight of Massive Talent Comédie américaine (2022) de Tom Gormican, avec Nicolas Cage, Pedro Pascal, Sharon Horgan, Tiffany Haddish, Neil Patrick Harris – 1h47 (de trop)
Payant auprès d’Hollywood son audacieuse carrière, endetté jusqu’à l’os, Nicolas Cage est au fond du trou. Si son Oscar pour Leaving Las Vegas semble donc bien loin, sa consommation d’alcool a en revanche de quoi rappeler le film. Alors qu’il décide de mettre un terme à sa carrière, il accepte l’offre d’un milliardaire, Javi, qui l’invite passer un weekend avec lui en échange d’une somme rondelette. Mais, arrivé sur place, Nicolas Cage est contacté par la CIA, son nouvel ami se révélant être à la tête d’un cartel de la drogue…
Il est des carrières qui forcent le respect. Celle de Nicolas Cage susciterait plutôt le débat. Si personne ne lui retire ses gloires passées, beaucoup vomissent une grosse partie de sa filmo tandis que d’autres préfèrent s’amuser à chaque nouvelle participation plus barrée que la précédente. Aussi, l’annonce de ce Talent en or massif et son Nicolas Cage dans le rôle de Nicolas Cage n’a pas manqué de « hyper » les cinéphiles, à la fois ceux qui espéraient y trouver une rédemption toute en second degré et ceux qui y voyaient la promesse de se taper une bonne tranche de rigolade. Malheureusement, autant le dire d’emblée, les uns comme les autres se retrouveront Gros-Jean comme devant…

Fruit des fantasmes de fan de Tom Gormican et spécialement écrit pour lui, le scénario d’Un Talent en or massif est d’abord refusé par Nicolas Cage qui revient malheureusement sur sa décision, qu’on imagine davantage motivée par la perspective d’énièmes bourbons au bord d’une piscine d’Europe de l’est que par la possibilité de revisiter son mythe. Il faut bien dire que l’admiration superficielle de Gormican n’est clairement pas à la hauteur et que, plutôt que de pousser vraiment les potards de l’égo trip, le film se complaît davantage dans l’autodérision en dépeignant Nicolas Cage comme l’acteur looser que beaucoup voient en lui. Si, dans le fascinant Congrès d’Ari Folman, Robin Wright n’hésitait pas à égratigner sa carrière pour une performance sacrificielle touchant à la grâce, elle gardait toujours la tête haute là où Nicolas Cage, dans sa comédie potache et pathétique, en viendrait même carrément à se renier. En effet, ce qui fait le charme de la star, c’est bien son ambition dingo de repousser les limites, d’imposer son « kabuki western » face au diktat de l’Actors studio et de faire fît de toutes convenances artistiques, construisant une carrière tissée de chefs d’œuvres et de nanars, à la manière d’un autre Fu Manchu, Christopher Lee. C’est donc un crève cœur de le voir, lui qui ne semblait jamais avoir à s’excuser de ses choix les plus intrépides, ainsi livrer une performance assez convenue dans un fade navet qui, derrière son second degrés, s’apparente à un sinistre petit tribunal du bon goût qui pourrait rappeler la cérémonie des Razzie Awards.
Alors que retenir d’Un Talent en or massif ? Les échanges entre Nicolas Cage et sa version De-Agée sortie de Sailor et Lula ? Si le premier peut mettre l’eau à la bouche, les suivants nous rappelle surtout que l’acteur avait autrement brillé dans le double rôle d’Adaptation de Spike Jonze, cinéaste auquel on pense également tant le film semble avoir des siècles de retard sur Dans la peau de John Malkovitch. Pedro Pascal jouant la bromance sous LSD ? Même Seth Rogen et James Franco ne le font plus. Un Talent en or massif nous rappelle juste que, depuis quelques années (en gros la fin de l’âge d’or de la maison Apatow), c’est quand même tristement les vaches maigres du côté de la comédie US.
CLÉMENT MARIE