Minuscule 2 – les mandibules du bout du monde

3718854Film d’aventures français, chinois (2018) de Hélène Giraud et Thomas Szabo – 1h32

Alors qu’elle aide sa copine fourmi dans une épicerie, la coccinelle voit son petit embarquer bien malgré lui pour la Guadeloupe. La coccinelle et ses amis traversent donc le globe pour voler à son secours sur l’île pleine de nouveaux insectes menaçants…

Après l’énorme succès de leur premier film Minuscule – la vallée des fourmis perdues (2014), avec plus d’un million d’entrées et un César à la clé, Hélène Giraud et Thomas Szabo se sont immédiatement vus proposer une suite par leur producteur Philippe Delarue. Ils ont accepté à la condition de voir encore plus grand et d’emmener leurs insectes jusqu’en Guadeloupe, idéale pour trouver un nouveau bestiaire et rendre l’aventure plus exotique. Au cours de ses quatre ans de développement, Minuscule 2 – les mandibules du bout du monde a pu profiter de nouvelles technologies plus abordables qu’à l’époque du premier volet, pour un film d’animation (?) 100% français (le producteur insiste sur ce point, quand bien même une société chinoise le coproduit) et, ça ne fait pas de mal de le rappeler, beaucoup moins cher que la concurrence.

Hélène Giraud et Thomas Szabo n’auront pas besoin de le rappeler, ils ont voulu voir leur ambition encore plus à la hausse avec ce second volet, et ça se voit immédiatement à l’écran. Il y a, entre Minuscule 2 et son prédécesseur, le même genre de progression grisante qu’on avait pu voir dans le temps entre Toy Story et Toy Story 2. Bon, ce n’est peut-être qu’une séquence d’aéroport, commune aux deux suites, qui me fait penser à cette comparaison, mais il me semble tout de même que Giraud et Szabo ont procédé de la même manière que les équipes de Pixar auparavant : après avoir parfaitement posé les fondations de leur univers dans le premier film, ils ont ensuite emporté leurs personnages dans une aventure qu’on n’osait imaginer si grandiose. Apparemment, la taille ne compte pas pour aller voyager jusqu’en Guadeloupe et en ramener des images magnifiques, sur la très belle musique de Mathieu Lamboley qui raconte l’histoire plus qu’elle ne l’accompagne, comme le prouve ce film, beaucoup plus d’aventures que d’animation.

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L’araignée et la fourmi tiennent bon la barre pour aller conquérir de nouveaux territoires.

Il est toujours frustrant, dans les festivals et les cérémonies de récompense de cinéma, de voir le cinéma d’animation enclavé dans sa propre catégorie à part, très rarement mêlé aux « vrais » films. Comme si les films d’animation étaient des œuvres cinématographiques de moindre importance. Une imperméabilité particulièrement prégnante en France, où le public et la critique partagent généralement cette vision hautaine sur l’animation en ne voulant en plus la destiner qu’aux enfants. Quand ils ont redoublé d’ambition pour Minuscule 2, Hélène Giraud et Thomas Szabo semblent aussi en avoir profité pour tordre le cou à ce préjugé, en ouvrant pas mal le film aux humains, jusque là à côté des aventures des coccinelles et fourmis pour des raisons surtout techniques. Mais cette fois, les réalisateurs ont pu naviguer entre micro et macrocosme au sein d’un même plan, à la faveur d’un travelling ou de profondeur de champ ne montrant évidemment pas ses frontières numériques. L’aventure de Minuscule 2 est donc si grande qu’elle déborde largement des limites dans lesquelles on voudrait souvent contenir l’animation et le dernier acte du film (qu’on vous gardera évidemment secret) n’est peut-être pas seulement une victoire écologique mais aussi une revanche de l’animation sur le cinéma live, avec une universalité beaucoup plus grande devant la caméra décidément très inspirée de Giraud et Szabo.

BASTIEN MARIE

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