Film d’horreur américain, canadien (2018) de Julius Avery, avec Jovan Adepo, Wyatt Russell, Mathilde Ollivier, Pilou Asbaek, John Magaro, Iain De Caestecker et Dominic Applewhite – 1h50
Durant l’opération Overlord à la veille du D-Day, une escouade de soldats américains atterrit en France avec pour mission de détruire l’antenne radio allemande postée dans l’église d’un village. Sauf que le bâtiment abrite aussi d’horribles expériences…
Grand rebooteur devant l’éternel, J.J. Abrams a décidé de revitaliser le sous-genre du zombie nazi, jusque là apanage de la série Z, avec Overlord, à partir d’un scénario de Billy Ray acheté par Paramount en 2013 et considérablement réécrit par Mark L. Smith. N’allez pas croire que ces réécritures avaient pour but de policer le matériau d’origine : au contraire, pour une fois, le studio a voulu mettre l’accent sur l’horreur ! Et qu’on ne parle pas de la saga Cloverfield, il n’en a apparemment jamais été question ici. Overlord a ensuite été confié à Julius Avery, réalisateur australien fort d’un court-métrage primé à Cannes (Jerrycan, 2008) et d’un premier polar avec Ewan McGregor (Son of a Gun, 2014). Son casting compte cette fois Jovan Adepo (Fences, The Leftovers), Wyatt Russell (fils de Kurt vu dans l’excellent Everybody Wants Some !!), Pilou Asbaek (bon acteur mais effroyable Batou dans Ghost in the Shell) et la jeune française Mathilde Ollivier (tant que c’est pas Léa Seydoux…), et l’ami Julius a pu tranquillement tourner son film pour la modique somme de 38 millions de dollars, toutefois à peine remboursé aux States, la faute peut-être à un classement R pourtant maintenu par Paramount jusqu’au bout.
Le ton est donné dès l’ouverture, avec son parachutage chaotique digne d’un FPS voulant nous mettre dans les bottes des soldats : Overlord se veut être un pur ride guerrier et horrifique, nous faisant plonger tête la première dans une opération cathartique. Revêtant les oripeaux de ce qu’il y a de plus proche d’une série B de nos jours, comblant son budget relativement modeste par une efficacité de chaque instant, Overlord veut embarquer son spectateur avec ses soldats qui débarquent, eux, avec un scénario qui ne fait aucun mystère de sa construction mais digne d’un travail d’artisan soigneux. Le contrat est donc rempli, le film s’avérant souvent jouissif et défoulant, bien incarné (et désincarné) et navigant soigneusement entre film de guerre et film d’horreur sans que l’un n’écrase l’autre. Et J.J. Abrams oblige, on a saupoudré le tout d’un peu de Spielberg : l’ouverture fait du pied à Il faut sauver le soldat Ryan, et le gosse imite les GIs adultes qui l’entourent, pur motif spielbergien.

Entre son ouverture dantesque et sa conclusion, montrant l’affrontement contre l’ultime zombie nazi au sourire ravageur, le ride d’Overlord connaît tout de même quelques passages à vide pour arriver au bout de son 1h50, notamment des cas de conscience dispensables de ses bidasses et un deuxième acte statique dans un grenier, se concluant heureusement sur l’expérimentation bien gore du sérum nazi, tout en veines purulentes et os craqués. Forcément, nos GIs vont se venger en dégommant les nazis comme il se doit, c’est-à-dire comme dans un Wolfenstein, retournant leur eugénisme racial contre eux en se faisant niquer par une escouade composée d’un black, d’un rital et d’un juif, et retournant aussi leur arme de prédilection, le lance-flammes, contre eux (réminiscence de l’invasion de la Pologne ou de The Thing, c’est selon). On pourrait gloser sur la réappropriation facile par J.J. Abrams d’une figure horrifique du zombie nazi qui n’avait jamais eu droit à une production de cet acabit, mais Julius Avery, qui remplit honorablement son premier contrat hollywoodien, ne veut pas nous en donner le temps en faisant tout péter devant sa caméra, dans un Overlord idéal pour un samedi soir au pop-corn.
BASTIEN MARIE