Spider-man : New Generation

spider-man-new-generation-5c087de18ea02Film d’animation américain (2018) de Peter Ramsey, Bob Persichetti, Rodney Rothman, avec les voix de Shameik Moore, Jake Johnson, Hailee Steinfeld, Chris Pine, Liev Schreiber et Nicolas « fucking » Cage – 1h57

Alors que Spider-man fait régner la justice dans New York, Miles Morales est un ado de Brooklyn à priori sans histoire. Mais le jour où ce dernier se fait piquer par une araignée et se découvre des super-pouvoirs, il paraît évident qu’il faudra bientôt compter sur deux Spider-men… Et, à partir du moment où il y en a deux, pourquoi ne pourrait-il pas carrément y en avoir encore plus ?!!…

Produit et écrit par Chris Miller et Phil Lord, sur une idée de ce dernier, Spider-man : New Generation porte incontestablement la marque de ces géniteurs, trublions du post-modernisme. Loin d’être les seuls, bien au contraire, à œuvrer dans le domaine, ils font en revanche partie des rares à savoir s’amuser des codes tout en les respectant, à accumuler les références sans trop de lourdeurs ou encore à assumer les ambiguïtés du divertissement de masse sans pour autant tomber dans le cynisme, et tout ça bien entendu sans oublier de raconter une histoire. Après avoir réussi l’exploit de rendre passionnant Lego, le film, ils s’attaquent cette fois-ci à une histoire que l’on connait par cœur, une histoire qui a été adaptée trois fois sur ces quinze dernières années rien que pour le cinéma, une histoire qui sera même racontée ici pas moins de six fois ! Cette histoire, c’est celle de l’araignée la plus populaire au monde : Spider-man.

Personnage principal de cette nouvelle mouture, Miles Morales, le spidey métissé ardemment réclamé par les fans, permet logiquement de moderniser un super-héros qui n’a jamais cessé de rester au plus près de son jeune public, l’inscrivant ici directement dans la culture hip-hop. Face à ce héros « new generation », le film n’en délaisse pas pour autant l’incarnation d’origine, préférant sacrifier sa version idéalisée au profit d’un Peter Parker gentiment désabusé, millenial, divorcé, approchant la trentaine mais ne parvenant toujours pas à entrer dans l’âge adulte (le syndrome d’un autre Peter P… ?). Le choc des générations devient le moteur d’un touchant récit initiatique à double sens tandis que nos Spider-man sont bientôt rejoints par d’autres tisseurs…

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Miles Morales dans un plan psychédélico-bd qui n’est pas sans rappeler Creepshow !

L’argument quantique, motif privilégié de la science-fiction contemporaine, permet ici de faire se réunir dans la joie et la bonne humeur des Spider-man tellement barrés qu’on a même du mal à croire qu’ils aient tous été édités : outre la célèbre Gwen Stacy en Spider-woman et le classieux Spider-man « noir », il faudra ainsi également compter sur la nippone Peni Parker et son mécha SP//dr et Peter Porker, bel et bien issu du comics Spider-Ham paru dans les années 80 et non pas un clin d’œil au Spider-cochon d’Homer Simpson. Du polar noir, du manga, du cartoon, Spider-man : New Generation montre à quel point le super-héros a pu explorer différents courants d’une culture populaire que le film entend bien célébrer en grande pompe.

Si Spider-man : New Generation parvient à mixer aussi bien ses multiples influences, c’est aussi parce qu’il fait preuve d’une créativité débridée telle qu’on en avait pas vu depuis le Scott Pilgrim d’Edgar Wright (le cinéaste ayant droit ici à un savoureux easter egg). L’animation, alliant avec succès le cell shading, les effets pointillistes et l’incrustation d’onomatopées pour mieux payer son tribut aux comics originels, accumule les idées et fait de ce film d’action survolté un véritable trip psychédélique qui ferait passer l’adaptation de Doctor Strange pour un épisode de Derrick. Un spectacle (j’oserais même le mot « orgasme » si le jeune public n’était pas ainsi concerné…) visuel incroyablement stimulant qui tabasse nos rétines, tout en restant malgré tout lisible, et nous laisse ébahis, lessivés et heureux.

Après le triomphe de son nanard Venom, Sony confirme un succès insolent, et pour le coup mérité, qui redistribue les cartes de son deal avec Disney/Marvel concernant le super-héros. Qu’importe ces affaires de gros sous, Spider-man : New Generation nous rappelle avec passion que, s’il est toujours question de vendre des jouets, des slips et des pyjamas, c’est que Spider-man reste une icône de la pop culture qui continue de toucher intimement les lecteurs/spectateurs génération après génération.

CLÉMENT MARIE

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