Biopic américain (2016) de Stephen Gaghan, avec Matthew McConaughey, Edgar Ramirez, Bryce Dallas Howard, Corey Stoll, Toby Kebbel, Craig T. Nelson et Stacy Keach – 2h
Sur la foi d’un rêve, un prospecteur aux abois, Kenny Wells, s’associe avec le géologue Michael Acosta pour trouver un filon d’or dans la jungle indonésienne…
Gold est le troisième film de Stephen Gaghan, scénariste oscarisé de Traffic et qui n’était pas repassé derrière la caméra depuis onze ans et Syriana. Il n’est cependant pas à l’origine du projet puisque le scénario, signé par Patrick Massett et John Zinman et inspiré d’une histoire vraie s’étant déroulée au Canada dans les années 90, a d’abord tapé dans l’œil d’un autre célèbre scribe hollywoodien, Paul Haggis. Celui-ci l’avait transmis à Michael Mann qui pensait le tourner avec Christian Bale avant de favoriser Hacker. Le projet tomba donc dans les mains de Gaghan et Matthew McConaughey, également producteur, à la place de Bale, avec toutefois un même goût pour la transformation physique : fausses dents, calvitie au rasoir et régime de cheeseburgers pour atteindre 95 kilos.
L’acteur de Dallas Buyers Club aurait voulu un second Oscar qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Malheureusement pour lui, la saison n’était pas au biopic financier, et Stephen Gaghan ne pouvait décemment pas faire la nique au Scorsese du Loup de Wall Street. Par conséquent, on se retrouve ici face à un film bien éphémère, s’oubliant aussi vite qu’il s’est vu, surfant sans aucune originalité sur la success story d’un loser, tentant de nous surprendre dans sa dernière demi-heure avec une arnaque que personne n’avait vu venir, y compris le spectateur : sortir un twist de son chapeau par le biais d’omissions préalables est toujours une manœuvre énervante.

Ce qu’on aura compris beaucoup plus vite que les personnages en revanche, c’est que ce Gold est bien en toc, visant l’or des Oscars de façon bien paresseuse, Gaghan semblant avoir un talent de réalisateur très limité quand il s’agit de mettre en scène le scénario des autres. Il se repose surtout sur McConaughey qui, lui, prend définitivement le contrecoup de son retour en grâce d’il y a quelques années, fonçant tête la première dans un cabotinage indéfendable. Son partenaire Edgar Ramirez, jouant plus mesurément, s’en sort mieux, avec un personnage qui aurait pu offrir de l’épaisseur s’il n’était pas abandonné à son triste sort une fois qu’il a fourni un retournement de situation dont on n’assume pas la complexité. Bref, Gold est une énième remise en question du rêve américain bien trop sage pour être subversif et trop simpliste pour être inventif.
BASTIEN MARIE
Bonus : dans le film, la couverture d’un magazine titre, à propos des péripéties de Kenny Wells, « Fool’s Gold » qui se trouve être le titre original d’un autre film dans lequel Matthew McConaughey joue un chercheur d’or, L’Amour de l’or (2008), comédie romantique bien inoffensive avec Kate Hudson. Clin d’œil volontaire ou non, Gold le rejoint en tous cas dans la catégorie des films oubliables de McConaughey.