The ‘Burbs

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Vivant dans une banlieue paisible, Ray Peterson entend bien profiter de sa semaine de congés. Mais de mystérieux voisins, les Klopek, viennent de s’installer juste à côté de chez lui, et d’étranges lumières et sons semblent émerger de la cave de leur maison lugubre. Ne voulant d’abord pas y prêter attention, Ray est bientôt entraîné dans la surveillance des Klopek par ses autres voisins puérils et curieux qui pensent avoir affaire à des satanistes…

Réalisé par Joe Dante juste avant la suite de GremlinsThe ‘Burbs est tiré d’un scénario original de Dana Olsen destiné au départ à être le pilote d’une série télé. Affolé par une grève des scénaristes imminente, Universal valide très vite le projet et offre à Dante une paix royale pendant le tournage se déroulant dans un backlot du studio qui servira ensuite à Desperate Housewives. Dante jouit donc de la production qu’il considérera plus tard comme la plus amusante de sa carrière, à peine entachée par la toxicomanie déjà bien entamée de Corey Feldman qu’il avait découvert dans Gremlins. Avec comme jeune star Tom Hanks, tout juste sorti du succès de BigThe ‘Burbs connaîtra un certain succès. Du moins aux Etats-Unis, où il doubla presque sa mise, alors qu’en France il devra étrangement sortir qu’en vidéo. Ceci explique sans doute cela : alors qu’aux States le film deviendra progressivement culte, ici on considère souvent The ‘Burbs comme un film mineur de Dante. Une injustice que semble réparer la très belle et complète édition bluray que lui a réservé Carlotta en cette fin d’année.

Si The ‘Burbs est un film mineur, c’est sans doute parce qu’il se révèle relativement sans surprise : qui connaît Joe Dante le reconnaît aussitôt dans ce film qui, débarrassé de toute pression du studio, est une affirmation tranquille du style du cinéaste. Ce dernier cartoonise un argument vaguement hitchcockien (le film devait un temps s’intituler Bay Window en référence au titre original de Fenêtre sur cour), et sa folie habituelle passe principalement par ses acteurs, exagérant l’immaturité de leurs personnages. Par conséquent, The ‘Burbs n’est pas non plus son film le plus immédiatement farfelu, et ses excès visuels (la séquence de cauchemar où Tom Hanks se retrouve sur un barbecue géant) et ses effets de signature (comme la citation diégétique de films préexistants qui se résume ici de manière peu imaginative à des films d’horreur) pourraient presque être de trop. Les fans de l’esprit anarchique de Gremlins ou de la folie littéralement démesurée de L’Aventure intérieure pourraient donc a priori être déçus par la sagesse apparente de The ‘Burbs. Mais ils auraient tort.

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Art (Rick Ducommun), Ricky (Corey Feldman), Ray (Tom Hanks) et Rumsfield (Bruce Dern), le gang de gosses fouineurs de Joe Dante, espionnent dès le petit déjeuner.

Car derrière cette modération frustrante par rapport à la liberté que lui laisse le studio, Joe Dante signe tout de même un film qui regorge d’idées plus subtiles. N’oublions pas l’ouverture « Google Earth » de The ‘Burbs, partant du logo Universal pour aller cibler cette banlieue précise : Dante entre de plein pied dans une vision de loupe, observant au microscope des personnages qui deviennent naturellement caricaturaux. Conscient de ce grossissement inhérent de son film, ainsi que de l’aspect délicieusement sitcom que lui offre le tournage en backlot, Dante ruse pour insérer des gags plus insidieux. Comme cette fabuleuse mise en abyme du cinéma avec le personnage de Corey Feldman, véritable narrateur du film, qui préfère inviter ses amis à regarder son quartier plutôt qu’à aller au cinéma. C’est ainsi que The ‘Burbs, film hilarant de spectateurs regardant des spectateurs, tisse habilement la grande richesse de son procédé. A peine regrette-t-on que la satire de la banlieue perde un peu de sa force à cause de changements de dernière minute (pas moins de trois fins alternatives et l’abandon d’un secret sur le personnage de Tom Hanks auraient pu assombrir le tableau). Même s’il n’est pas à première vue le film le plus étonnant de Joe Dante, The ‘Burbs garde tout de même la générosité et la malice de son auteur, préparant à la fois au délire sans limite de Gremlins 2 et à la cohérence savante de Panique sur Florida Beach, ses deux chefs-d’oeuvre suivants. Et quand bien même The ‘Burbs ne resterait qu’un film mineur, comment se fait-il qu’il plane encore bien au-dessus du reste de la production familiale de l’époque ?

BASTIEN MARIE

Autres films de Joe Dante sur le Super Marie Blog : Explorers (1985), Cheeseburger Film Sandwich (1987)

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